Au début du mois de septembre 2020, malgré l’attrait pour le suivi du Tour de France à la télévision, le chasseur d’images amateur poursuit l’observation de la faune fréquentant les abords du site de la Manu. Après un mois d’août axé sur le canal de décharge de l’usine EDF, il lui faut migrer sur les bords de la Vienne entre les ponts Camille de Hogues et Henri IV, suivant ainsi le mouvement des oiseaux. De façon quotidienne, il parcourt ainsi les quais du 11 novembre et des Martyrs de la Résistance, voies bordées d’arbres bruissant du chant des corneilles et des étourneaux.
La fin du mois d’août est marquée par le retour de certains volatiles et le départ des migrateurs. Le 22 août, une deuxième aigrette revient dans le coin. Le 25 août, un cygne se manifeste en amont du pont Henri IV. Détaché en éclaireur, il sera bientôt rejoint par une femelle puis par un autre couple. La présence d’un deuxième héron est notée le 30 août. Il se différencie du premier par le haut des ailes blanc au lieu de noir. Une fine huppe noire distingue l’oiseau adulte. Quelques cormorans s’installent à l’ouest du terre-plein central de l’usine et intensifient la pêche dans la zone de réserve entre le barrage EDF et le pont Henri IV. Ils ne sont pas les seuls à ne pas respecter cette interdiction.
L’absence des martinets est alors remarquée tandis que, le 30 août, les hirondelles des fenêtres font un dernier passage au-dessus de la rivière en aval de l’usine EDF. Le chevalier guignette, un temps discret, se manifestera le 2 septembre près du pont Henri IV en prolongeant son séjour châtelleraudais de quelques semaines.
A partir du 28 août, à la suite d’un assèchement important consécutif à la reprise des travaux sur le clapet oriental du déversoir quelques jours plus tôt, le canal de décharge est progressivement déserté. Les flaques d’eau n’accueillent plus les petits poissons, nourriture de certains : hérons et martins-pêcheurs notamment. Ne pouvant plus nager, les canards rejoignent le cours principal de la rivière. Après avoir tenu quelques jours, les poules d’eau et les ragondins quittent également les lieux, maintenant troublés par le bruit des marteaux-piqueurs. Seuls résistent les passereaux venant se désaltérer ou se baigner.
Une fois repérés à la base des piles du pont Henri IV, le 1er septembre, les martins-pêcheurs élargissent leur zone de prospection sans pouvoir être alors photographiés. Ils le seront plus tard à leur retour, le 11 septembre, au pied du déversoir où une mare s’est formée à la suite de l’édification d’un batardeau et en l’absence des ouvriers. Ils ne seront pas les seuls à en profiter : aigrettes, bergeronnettes, corneilles et poules d’eau les rejoindront en cette fin de semaine.
A compter du 3 septembre, les gros oiseaux se concentrent donc entre les deux ponts avec quatre cygnes, trois hérons, deux aigrettes, quelques poules d’eau et de nombreux canards. Les colverts mâles y retrouvent progressivement leurs tons colorés. Les bergeronnettes s’y manifestent également le long du quai des Martyrs de la Résistance. Cygnes, hérons et aigrettes feront des excursions en aval du barrage EDF.
Une observation attentive des activités des uns comme des autres permet la saisie de quelques moments d’intimité, comme la toilette des cygnes, des colverts ainsi que des passereaux, voire d’instants spectaculaires avec des vols de concert de deux hérons, ponctués de cris stridents.
Avec la rentrée scolaire, les activités humaines reprennent sur les quais, à proximité de la Vienne. Le skate-park reste fréquenté par quelques adolescents non masqués. La place Ferdinand Buisson et le boulodrome de la promenade des Acadiens accueillent de nouveau les joueurs de pétanque, dispensés également du port du masque. Après la reprise des cours, le 3 septembre en milieu d’après-midi, quelques lycéens se retrouvent sous le tablier du pont Camille de Hogues pour arroser la rentrée. La circulation sur les ponts du centre-ville se densifie avec une présence accrue des bicyclettes. Un usage plus ou moins régulier des vélos de l’agglomération est fait par les jeunes.
Outre une assiduité certaine à suivre les étapes du Tour de France à la télévision, le photographe ne pourra résister au plaisir d’assister au passage de cette grande épreuve cycliste, le 10 septembre, à Chauvigny. Son objectif sera alors tourné vers les véhicules de la caravane et les coureurs.
Denis Lemaître