A la veille de la fin de l’état d’urgence sanitaire, le 10 juillet, le photographe amateur, confiné le 17 mars et déconfiné le 11 mai 2020, a repris ses promenades quotidiennes depuis deux mois. A partir du 20 juillet, il s’est astreint au port continu du masque, équipement obligatoire dans les lieux recevant du public, y compris les commerces. Disposant de plusieurs modèles confectionnés par son épouse, il peut souvent en changer.
Sur le site de la Manu et ses abords, les occupants ailés changent également. Absents localement depuis plusieurs mois, des oiseaux rejoignent les bergeronnettes, les verdiers et les corneilles noires déjà signalés. D’autres, comme les cygnes, quittent la zone.
Le confluent de la Vienne et de l’Envigne et le canal de la Manu, avec leurs eaux calmes, constituent des restaurants fréquentés de façon aléatoire par le héron cendré et les mouettes. Ils servent de cantine à un couple de martins-pêcheurs revenus à la mi-juin. Affectionnant une branche morte au milieu de la confluence, perchoir idéal pour surveiller la surface de l’eau, ils l’abandonnent, au début de juillet, après l’envahissement des lieux par la jussie rampante. Ils seront plusieurs fois aperçus aux abords du canal de décharge de l’usine hydroélectrique EDF.
Repérée le 8 juin 2020, sur l’île Sainte-Catherine, l’aigrette garzette, héron blanc des marais, a pris rapidement ses quartiers au déversoir du barrage EDF où les eaux basses lui permettent de se nourrir facilement de petits poissons. Ses déplacements sont courts, en amont du pont Henri IV où elle retrouve le héron cendré. Au déversoir, seule de son espèce jusqu’au 21 juillet, elle cohabite pacifiquement avec les colverts, toujours aussi nombreux à cet endroit. Ces canards, en ce qui concerne les mâles, ont pris leur plumage d’été, la tête verte a maintenant une couleur marron sombre.
Un mois plus tard, le 8 juillet, une nouvelle venue se manifeste brièvement sur la bouée jaune en amont du barrage : une sterne pierregarin, reconnaissable à son bec rouge à pointe noire. Un trio d’oiseaux marins se montre au début de l’été : une mouette rieuse, à capuchon sombre et baguée, d’abord seule, puis rejointe par une congénère, le 8 juillet, entre les deux ponts du centre-ville, un goéland argenté repéré sur le barrage le 22 juin et maintenant une sterne. Nullement confinés au milieu littoral, ces oiseaux peuvent s’enfoncer loin dans les terres. Début août, la population des mouettes passera à cinq.
Un grand cormoran fait un court passage le 18 juin sur l’îlot séparant le déversoir et la Vienne. Un retour de cette espèce sera enregistré à la mi-août. Hirondelles des fenêtres et martinets complètent le tableau. Les premières ont niché notamment dans la rue Sully. Les seconds survolent sans interruption la rivière, le canal de la Manu et d’autres lieux de Châtellerault, y compris la résidence du chasseur d’images.
S’éloignant du site de la Manu, le chasseur d’images parcourt les rives de la Vienne en amont et en aval. Il parvient à deux secteurs occupés du 6 juillet au 28 août par des équipements destinés à des animations extérieures. Aussi, dès le début de juillet, la photographie des oiseaux et insectes est-elle plus difficile au Pré de l’Assesseur et à la plaine Baden-Powell. Dans cette dernière, quelques caloptéryx (libellules) et demi-deuils (papillons) y seront toutefois repérés en bordure de la rivière.
A la même période, s’écartant des bords de la Vienne, le photographe retourne au lac de la Forêt, site délaissé depuis quelques mois, où les abords à la végétation haute abritent de nombreux papillons : demi-deuil, machaon, mégère, myrtil, piéride et tircis. A l’orée des bois, un rouge-gorge familier se manifeste lors de la surveillance de juvéniles à la recherche de nourriture au sol. Le chasseur d’images ne pénètre pas alors dans la forêt.
Lors de ses prospections à Châtellerault, le photographe amateur note d’autres changements survenus dans les lieux visités. Outre quelques masques jetables dans les rues de la ville, d’autres incivilités se sont produites. Dans les parcs, les aires de jeux restent certes fermées, mais des déchets apparaissent un peu partout. Laissés lors de petits rassemblements festifs, ils souillent notamment l’extrémité sud du jardin de la Manu. Aux gobelets plastiques et canettes abandonnés sur place, s’ajoutent des tags sur le mur longeant le canal. L’installation récente de caméras sur ce site pourrait occasionner une certaine surprise aux auteurs des dégradations.
Denis Lemaître